James CAMERON, le Cousteau du 21e siècle

À l’heure où le nom de Cousteau n’est plus connu des jeunes, qui pourrait aujourd’hui à lui seul symboliser l’océan ? James Cameron, peut-être, qui n’est pas seulement l’un des plus grands cinéastes de son temps, mais aussi un véritable amoureux de la mer. D’Avatar 2 à la Fosse des Mariannes, son actualité brûlante prouve son engagement personnel. Vous allez voir comment ce passionné a réalisé le mariage parfait de l’art et de la science pour mieux découvrir et protéger l’océan. Un modèle pour le futur. C’est exactement la philosophie de Wikiocean !

Le succès planétaire de Jacques-Yves Cousteau au 20e siècle n’a été possible que par l’utilisation de la caméra et de l’image. Enfant, avant même d’être plongeur, Cousteau rêvait de devenir producteur et réalisateur de cinéma. Vers la fin de sa vie, lorsqu’on lui demandait de se définir, il répondait : « Je suis cinéaste ». Pour James Cameron, c’est l’inverse, ayant commencé comme réalisateur, il devient de plus en plus océanographe.

James Cameron s’est donné les moyens de réaliser ses rêves. Aujourd’hui, tandis que Titanic sort en 3D, il avoue avoir décidé de tourner ce sujet pour se donner les moyens de plonger sur l’épave ! Avec ce film mythique, réactualisé par le centenaire du naufrage, Cameron a touché le jackpot et Titanic devint, financièrement, le plus gros succès de l’histoire du cinéma. (Depuis, il a été battu par… Avatar !). Cet argent sert aussi à assouvir sa passion pour les abysses. De ce point de vue, le film Abyss était un coup d’essai, puisque tourné dans une tour de refroidissement nucléaire remplie d’eau, à l’intérieur de laquelle évoluaient des petits sous-marins.

Dès le succès de Terminator, Cameron s’était mis à produire et tourner des documentaires en IMAX 3D sur l’épave du Titanic (- 3 800 m) et celle du Bismarck (- 4 700 m). Là aussi, il collabore avec les scientifiques et participe aux recherches et aux plongées.

Avant de travailler sur Avatar, Cameron voulait réaliser un film sous-marin en 3D intitulé The Dive, dans la lignée du Grand Bleu. Le scénario s’inspire de l’histoire (vraie) d’amour entre deux champions d’apnée no limit, le Cubain Francisco Ferreras Rodriguez, dit « Pipin » et la Française Audrey Mestre, qui s’est terminée par la mort de cette dernière, à 28 ans, lors d’une tentative de record à - 170 m en 2002.

Cette passion de l’océan et du cinéma chez Cameron ne date pas d’hier, comme on le voit dans son premier film (Piranha 2, Les Tueurs volants, 1981), un « nanar » à petit budget d’horreur et de science-fiction, dont l’action se déroule dans les eaux des Caraïbes avec un groupe de plongeurs, une mystérieuse épave et des poissons volants tueurs !

Pionnier des abysses

Cameron est entré dans la légende des explorateurs en mars dernier, lorsqu’il a atteint l’endroit le plus profond du globe. Comme le dit le Daily Mail : « Douze hommes ont marché sur la Lune, plus de 500 sont allés dans l’espace, mais trois seulement ont atteint l’endroit le plus profond de l’océan ». Pour en arriver là, Cameron a d’abord comptabilisé pas moins de 72 plongées en submersible (!), dont 33 sur la seule épave du Titanic, par 3 800 mètres de fond. C’est dire si l’homme est passionné. Peu à peu, le cinéaste devient un océanographe à part entière. Il a créé Earthship Productions pour produire des documentaires sur l’exploration et la protection de la mer, puis organise plusieurs expéditions subaquatiques, scientifiques et cinématographiques, sur l’épave du Bismarck, les sources hydrothermales de la Dorsale Atlantique, ou encore dans le Pacifique Est, ou en Mer de Cortez.

Seuls deux hommes avaient eu le privilège, 52 ans plus tôt, de descendre à une telle profondeur. L’explorateur suisse Jacques Piccard et le lieutenant et océanographe américain Don Walsh, en 1960, à bord du bathyscaphe Le Trieste, dans des conditions extrêmement rustiques, avec une visibilité réduite et quasiment rien pour filmer les lieux. Après une plongée épique, le Trieste n’a pu rester au fond qu’une vingtaine de minutes. Depuis, plus rien. L’exploration profonde a été délaissée pendant deux générations au profit de la robotisation (ROV et autres robots munis de caméras, pinces, etc., pilotés depuis un bateau) et aux besoins des forages offshore. Emmener des hommes à si grande profondeur est très coûteux et n’est pas sans risques. Il a fallu attendre les énormes progrès accomplis sur les caméras sous-marines pour qu’un tel voyage devienne « rentable » sur le plan scientifique et culturel.

Des milliardaires dans la course aux abysses

En mars 2012, sous l’égide du National Geographic, Cameron a donc accompli un exploit humain et scientifique, en devenant le premier à descendre en solo dans un sous-marin d’un genre nouveau, le Deepsea Challenger, au fond de la Fosse des Mariannes, à plus de 11 000 mètres, de façon à l’explorer pendant plusieurs heures.

Il a fallu huit années à Cameron pour faire construire en Australie, dans le plus grand secret, ce submersible d’un nouveau genre. On l’appelle la « torpille verticale » car, contrairement aux sous-marins horizontaux, celui-ci fonctionne sur la verticalité, de façon à faciliter la descente et la remontée, donnant également un meilleur confort au pilote opérateur.

Ces dernières années, trois des hommes les plus puissants du monde se sont livrés à une course aux abysses, qu’on dit bien plus difficiles à explorer que l’espace : Richard Branson, patron de Virgin, Eric Schmidt, patron de Google et James Cameron.

Branson a fait construire le sous-marin Virgin Oceanic, destiné à planer dans les profondeurs, tandis que le patron de Google, épaulé par la fameuse océanographe américaine Sylvia Earle, a fait construire le Deep Search, projet de 25 millions d’euros, conçu pour trois abyssonautes. Mais de toute évidence, Cameron et ses soutiens scientifiques et médiatiques, ont gagné la partie.

Grâce aux progrès de la technologie, l’exploration sous-marine n’est plus réservée aux gouvernements ou aux militaires et elle passe dans le camp civil. La preuve : le développement des sous-marins privés, fantaisistes ou sophistiqués, ainsi que de sous-marins de plaisance, de tourisme, permettant d’emmener des groupes à de faibles profondeurs.

Voyage extraterrestre

Deepsea Challenger, le submersible de l’équipe Cameron, est bardé de caméras 3D, mais aussi d’appendices permettant toutes sortes de prélèvements scientifiques. James Cameron a pris son temps pour descendre, 2 h 36, puis il est resté plusieurs heures au fond à filmer et effectuer des prélèvements. Cela demande une bonne dose de courage quand on sait qu’à ces profondeurs, où la pression est mille fois supérieure à la nôtre, l’erreur est fatale. À la moindre fuite, le sous-marin explose.

L’utilisation de la 3D n’est pas ici seulement artistique, car elle permet aux scientifiques d’évaluer la distance des espèces filmées ainsi que leur taille. Cette moisson d’images et d’échantillons qui sont une première, ne manquera pas, c’est sûr, de nous apporter des surprises et de révéler des espèces nouvelles en provenance de ce monde extraterrestre, le plus reculé de notre planète.

Du fond des mers, James (Jim pour ses amis) a envoyé un tweet pour dire à quel point il avait envie de « partager ce qu’il voyait ». L’exploration se traduira bien sûr par une série de films du National Geographic, un documentaire en 3D, et certaines images des abysses seront intégrées à la suite sous-marine d’Avatar.

Cameron confirme : « L’imagination de la nature est tellement infinie, comparée à la maigre imagination humaine. Aujourd’hui encore, je reste dans un émerveillement absolu face à ce que je vois lors de ces plongées. Mon histoire d’amour avec l’océan continue, plus forte que jamais. ».

Ce Canadien de 57 ans n’a pas fini de nous étonner. Son compère de longue date et associé, l’océanographe Joseph McInnis, dit de lui : « Lorsqu’il descend dans les profondeurs, il le fait aussi au nom de l’humanité. Il y a 7 milliards d’humains qui ne peuvent pas y aller et lui, le peut. Il en a conscience. ».

Source: wikiocean

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