Récifs artificiels sur les côtes méditerranéennes

L’année 1968. C’est aussi celle d’une révolution, certes nettement plus modeste : pour la première fois en Europe, un récif artificiel est immergé, au large de Palavas.

Un bric-à-brac "de vieux bureaux d’écoliers et de carcasses de voitures", se souvient l’élu régional André Lubrano qui y a participé. "Tous les acteurs sont en train de repenser la politique d’immersion du littoral languedocien qui compte 30 000 m3 de récifs, soit 12 piscines olympiques, pour un coût de 8 M€, dont 1,8 M€ de la région", confirme André Lubrano.

En clair, ça a démarré fort mais la France a pris du retard par rapport à d’autres pays : Etats-Unis (20 000 km2 aménagés, 80 plateformes pétrolières coulées, 17 millions de pêcheurs récréatifs et un chiffre d’affaires 7 fois supérieur à la pêche pro), Portugal (volonté de doubler les 42 km2 actuels), Espagne, Italie...

Sur notre côte, plusieurs communes, à l’instar de Saint-Cyprien et Argelès, ont des projets. Les petits métiers de la pêche voient d’un bon œil ce vivier à portée de main. Un aquarium en mer attire aussi plongeurs et pêcheurs plaisanciers.

La négociation sur les financements, y compris européens - qui s’étaient taris - bat son plein. Mais il faut d’abord définir une politique globale, élaborer un plan de gestion pour limiter les conflits d’usage et mettre au point une évaluation scientifique standardisée. C’est pourquoi la Région finance une étude (230 000 €) sur l’efficacité de ces habitats artificiels.

Sous l’égide de Philippe Lenfant, chercheur à l’Université de Perpignan, deux scientifiques étudient deux sites pilotes : à Agde dans la réserve naturelle gérée par une association, l’Adéna, et à Argelès-sur-Mer.

Le fruit de leur travail sera connu fin 2012. Les premiers résultats sont concluants : des bancs de poissons, notamment de sars (à 15 €/kg, c’est économiquement intéressant), se sédentarisent, certaines espèces de poissons de roches ou de poissons plats y sont bien présentes (rougets, soles). Ils ont le couvert en plus du gîte.

"Les sars ont été équipés d’émetteurs. On a eu ainsi pendant des mois leur position en temps réel. Ce qui a permis de savoir combien de temps ils restent dans les récifs ; le nombre d’échanges qu’ils ont eus et le temps qu’ils passent de la zone naturelle à la zone artificielle."

Mieux, "la ressource qui y est produite a l’air de compenser les aléas de la pêche et la raréfaction de la ressource. Les pêcheurs locaux vivent moins difficilement de leur pêche", note Philippe Lenfant.

Le chercheur précise que ces récifs, qui ne sont pas que des concentrations de poissons, ont une action bénéfique sur les zones sablonneuses. "Ces modules semblent avoir une fonction de protection de la biodiversité." L’avenir est aux récifs très élaborés avec tailles et formes adaptées aux espèces.

Du sur-mesure et un espoir pour la Méditerranée.

Source: Midi Libre

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