Immersion avec les plongeurs offensifs

Quoi de mieux ce matin que de distiller un bel article (une fois n’est pas coutume) de RAID Mag.

Au point Relay de la gare, la photo de la « couv » m’a délogé de cette hébétude léthargique, en cause à un réveil trop prématuré…

Un café du wagon bar et me voilà plongé directement dans l’article.

Souhaitant immédiatement faire un post sur le sujet, je prévoyais comme par habitude de décortiquer chaque info pertinente. Cherchant en vain une barre de connectivité pour aller quérir des compléments d’informations sur la toile avec mon Smartphone, j’ai vite déchanté…, alors je me suis mis aux bonnes vieilles notes sur mon carnet.

Ce sujet m’a remémoré certains souvenirs, notamment avec quelques camarades aux abords des iles Maskali et Moucha… ils se reconnaitront…

A la lecture de l’article en question, plusieurs choses m’ont interpellé, comme en tout premier lieu, le perfectionnement et le renforcement de matériel dédié aux équipes du 1er RPIMA et 13eme RDP.

Un équipement en dotation très paralogique et en perpétuelle évolution. Tous les matériels sont testés comme aucun labo ne serait en mesure de le faire, et ce pas uniquement pour le plaisir des fabricants, mais des logisticiens opérationnels qui en interne améliorent les concepts et/ou crée des modules, futurs appendices de leurs armes et outils, repris ensuite par les industriels… comme quoi et pour preuve, un militaire est un concepteur…

Je ne vais donc pas faire un focus sur cette spécialité de nos forces spéciales touchant de près mon univers terrestre d’hier, et hydroponique d’aujourd’hui, Ce post sera donc plus dirigé vers la formation générale, afin de répondre à la question de tous mes nouveaux p’tits amis : Comment devenir plongeur de l'armée de Terre ?

La Formation

Tous les plongeurs de l'armée de Terre, à l'exception des nageurs de combat, sont formés à Angers. L'école supérieure et d'application du génie (ESAG) héberge la division formation plongeurs (DFP, anciennement Cours de plongeurs de l'armée de Terre) Chaque année, près de 200 stagiaires bénéficient d'une formation ou d'une vérification d'aptitude dispensée par les dix-sept instructeurs plongée de l'école.

Pour être plongeur de l'armée de Terre, il faut être volontaire, apte médicalement, apte à la plongée et breveté parachutiste. Après avoir réussi les tests de sélection à l'ESAG, un plongeur va suivre à la DFP sa formation élémentaire (FSE). Elle se compose :

du stage plongeur de bord de cinq semaines, suivi de deux semaines de travaux sous-marins, le tout à l'école de plongée de la Marine de Saint-Mandrier (83),

du stage spécialiste des techniques subaquatiques (STS) à l'ESAG,

des modules Tech PAT et Tech PCG (techniques plongeurs armée de Terre et techniques plongeurs de combat du génie) ou il va vraiment se spécialiser.

Un plongeur peut servir dans presque toutes les armes :

en tant que plongeur de combat du génie (PCG) dans les 9 régiments du génie,

en tant que plongeur de l'armée de Terre (PAT) dans les régiments des forces spéciales (1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMa), 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP), 2e régiment de hussards (2e RH)), le 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) de Calvi, au centre national d'entraînement commando (CNEC) de Montlouis ou encore au 519e régiment du train (519e RT) de la Rochelle….

La DFP dispense également un stage de qualification Intervention Offensive (plongée à l'oxygène en circuit fermé) : trois semaines de technique pure et de maîtrise de l'appareil et deux semaines orientées sur la tactique. Les plongeurs qualifiés développent leurs savoir-faire en reconnaissance de zone (différentes profondeurs, réseau suburbain…) et exfiltration en toute discrétion.

Les instructeurs de la DFP font évoluer leurs stagiaires dans les réseaux souterrains de la ville d'Angers (1,80m à 80cm de diamètre), les rivières, lacs et carrières environnants.

L’instruction exige une formation élitiste, car cet enseignement est à la hauteur des difficultés rencontrées pour mener à bien certaines opérations de reconnaissances techniques : le renseignement, le déminage, les actions de type «commando», la réalisation de toutes les missions en génie subaquatique, intérieures, lacs, bassins de zones portuaires, réseaux suburbains comprenant des souterrains, des égouts, des conduites, et bien entendu tout en maintenant une capacité opérationnelle.

La sélection médicale est très rigoureuse pour accéder à la spécialité «P.A.T». Il ne s’agit pas seulement d’être «apte» à la plongée militaire pour se présenter à l’une des deux sessions annuelles de «tests physiques et de motivation». Pour être admis à suivre les trois périodes de formation et ainsi bénéficier du « Cours des Plongeurs de l’Armée de Terre» et obtenir la qualification Intervention Offensive (plongée à l’oxygène) il faut se préparer très sérieusement au niveau de sa condition physique notamment pour les épreuves de «grimper», de «marches d’orientation», de «nages», d’apnées dynamiques, qui sont concentrées sur trois journées et... nuits !

La plongée militaire opérationnelle se mérite par une révélation de son potentiel pour mener à bien des missions où il ne s’agit pas de jouer avec sa vie ni avec la vie de son équipier en binôme. Les qualités opérationnelles des «P.A.T» qualifiés en Intervention Offensive pourraient se résumer à des mots comme : « rigueur et précision, maîtrise de soi et équilibre, bonne résistance au froid, volonté, courage, goût du risque et de l’eff ort, maîtrise des techniques de nages... »

Les différents «tests physiques» avec les temps à réaliser qui sont « éliminatoires », donc sans rattrapage possible, sont bien connus des stagiaires volontaires pour l’admission au C.P.A.T. Les militaires professionnels sont bien conscients du niveau exigé pour réussir le stage intensif qui permet de ne retenir qu’au maximum trente candidats(es) dont certains très motivés se présenteront parfois deux fois pour réussir l’admission.

Au-delà des épreuves physiques, le comportement « tactique » des stagiaires, l’organisation de l’autonomie sur le terrain, l’aisance aquatique… Tout est évalué mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une formation élitiste qui a un coût pour l’Armée et donc pour les finances publiques.

Un entretien individuel pour évaluer le degré de motivation permet d’affiner la sélection des candidats(es) après les résultats connus des épreuves chronométrées éliminatoires pendant le stage de sélection où il s’agit de démontrer votre « rusticité » sur le terrain.

«Touristes» (mais ils n’existent pas dans les «opérationnels»), il conviendrait de s’abstenir de vous inscrire à ce stage intensif !

Ce qui serait rédhibitoire pour un(e) candidat€ : le manque de combativité, le renoncement face à l’obstacle, un mental faible, la peur de se faire mal, un comportement irréfléchi, le manque d’autonomie à ne pas confondre avec l’individualisme qui est un défaut pour plonger en binôme !

Connaître votre résistance à la fatigue, au stress, au froid et vous préparer à vous donner à fond pendant toutes les épreuves. La recommandation de bien s’entraîner aux épreuves terrestres et aquatiques en soignant particulièrement sa condition physique pour être capable de se dépasser lors du stage intensif est sans doute la plus utile.

Les P.A.T assurent des missions qui nécessitent une discrétion totale par voie fluviale ou sous fluviale, des missions de reconnaissance, renseignements, reconnaissance des réseaux souterrains, guidage d’unité en souterrain dans le cadre du combat urbain.

L’engagement en zone urbaine est une probabilité forte des crises et conflits futurs. Les P.A.T peuvent donc aider les actions des forces terrestres dans ces milieux très particuliers. Les P.A.T ont la capacité opérationnelle de connaissance et reconnaissance des réseaux secs et humides avec évaluation des risques capacités d’ouvertures ou d’obstructions de réseaux suburbains, la capacité de déminage ou dépollution en milieu aquatique, le guidage d’unités en milieu souterrain.

Ils peuvent assurer sur le terrain de nuit des missions d’ouverture de sites de franchissement demandant une discrétion totale, des missions de déminage de berges immergées, des missions d’aide au débarquement pour certaines unités, des missions de patrouille fluviale. Ils ont donc besoin d’un armement adapté au milieu aquatique et au combat urbain et suburbain avec des gants pour les eaux froides capables de préserver les facultés de manipulation.

Du «Famas» à une dotation future d’une Arme de poing spécifique, d’un pistolet mitrailleur, avec modérateur de son, le P.A.T/I.O peut avoir besoin d’un lot de rappel d’hélicoptère, d’un lot d’escalade permettant de réaliser des franchissements verticaux sur des ouvrages d’art ou en suburbain.

Le chef de cours C.P.A.T peut proposer de nouveaux équipements de haute technologie susceptibles d’évoluer rapidement compte tenu des nouveaux besoins tactiques adaptés aux missions des plongeurs d’intervention offensifs, équipements dont le poids de chaque élément doit être étudié pour être adapté aux missions. Les brelages et équipements d’armes sont adaptés à la nage et résistent à l’eau souvent très sale, voire polluée, ce qui impose cependant beaucoup de rigueur pour la décontamination.

Le confort, l’ergonomie, la compatibilité avec les matériels de plongée exigent parfois les conseils d’experts du «monde du silence» qui peuvent intervenir comme «consultants ».

Le camouflage prend une importance particulière compte tenu de certaines missions ainsi que la lecture facilitée des instruments de navigation rassemblés sur une planchette ergonomique. Ces missions exigent une maîtrise de l’utilisation d’un équipement comme l’OPS Aqualung OxyNG2 qui est un appareil respiratoire en circuit fermé à oxygène militaire, porté sur la poitrine, antimagnétique, corps en alliage d’aluminium, embout avec double tuyau et valve «switch-off », fonctionnement à la demande jusqu’à une profondeur de 7 mètres, à ne pas dépasser !

Mais en quelques années, les nouveaux recycleurs opérationnels validés par les expérimentateurs de la BFST sont disponibles à la formation.

La formation de base pour celles et ceux qui ont passés avec succès les tests médicaux, physiques et de motivation a été reprise par la Marine Nationale à Saint- Mandrier, mais c’est bien à Angers que la partie franchissement de coupures humides, plongées en eaux intérieures (lacs et rivières) et la qualification Intervention Offensive (réseaux suburbains) est assurée par le CPAT (Cours des Plongeurs de l’Armée de Terre).

Les missions du C.P.A.T : formation individuelle des P.A.T, expérimentations (délégation de la STAT) et avis d’expertise de la plongée militaire par délégation de la DEP (Direction des Etudes et de la Prospective).

L’essentiel est de comprendre que depuis le cursus de base pour devenir «Plongeur de l’Armée de Terre» puis passer la qualification Intervention Offensive (IO) et enfin devenir Instructeur au C.P.A.T, il y a des formations passionnantes dans des spécialités opérationnelles exigeantes. La qualité indispensable du plongeur militaire, la «rusticité», viendra soutenir les efforts à produire de manière continue lors des stages au C.P.A.T., sans compter les six sauts en parachute à effectuer au minimum par an pour justifier de son aptitude aux interventions parachutées.

Pour compléter ses connaissances «mines», le PAT suivra une formation à l’ESAG (MINEX 2 ou 3 selon le grade), tous les deux ans. Durant une semaine de stage chaque P.A.T remet sa capacité opérationnelle en question, lors de tests effectués à Angers. Des épreuves théoriques et pratiques sont effectuées et permettent ainsi de contrôler le niveau individuel et collectif.

Vous avez compris que devenir «P.A.T./I.O» impose donc une longue formation où tout peut être remis en cause chaque jour sur le terrain et où la sécurité est un mode de vie. L’adrénaline en mission nocturne s’équilibre avec la sûreté de l’équipier en binôme. L’objectif est de mener à bien toutes les missions, en toute discrétion avec le maximum de sécurité possible.

Une formation unique en Europe

La DFP a établi une convention avec les plongeurs de l'armée belge pour mettre en place des échanges en termes de formation : les Belges se forment au réseau suburbain, les formateurs français bénéficient de la spécialité dépollution subaquatique et travaux sous-marins de l'armée belge. D'autres échanges vont se mettre en place avec des pays européens. En effet, la DFP est la seule formation en Europe à avoir développé l'aspect réseaux suburbains. L'armée de Terre maîtrise cet aspect du combat en zone urbaine.

Les plongeurs offensifs

Les forces spéciales de l’armée de Terre continuent de maintenir une capacité d’intervention nautique au sein de ses effectifs. Comme leurs homologues du Commando Hubert, les palmeurs et les plongeurs offensifs de la BFST (Brigade des Forces Spéciales Terre), sont entrainés pour mener à bien des actions aquatiques ou terrestres.

Les unités de la BSFT représentent 2 500 hommes. Elles étaient initialement regroupées au sein du groupement spécial autonome (GSA), puis au sein du commandement des forces spéciales Terre (CFST) de 1999 à 2002 :

- 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa),

- 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP),

- 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4e RHFS),

- l’état-major de la brigade renforcé de sa compagnie de commandement et de transmissions et de son centre d’entraînement spécialisé.

Les 3 régiments de la brigade sont chacun dotés d’une expertise particulière :

- 13e RDP de Souge : recherche humaine et renseignement stratégique,

- 1er RPIMa de Bayonne : action spéciale,

- 4e RHFS de Pau : aérocombat des forces spéciales.

Ces unités sont parfaitement complémentaires et couvrent l’ensemble du spectre des opérations spéciales. Lors d’une mission, elles agissent ensemble soit dans le continuum de l’action spéciale soit en superposition.

Voilà, j’espère avoir couvert le plus largement possible les différentes spécialités aquatiques de nos forces, ainsi que la formation, pouvant susciter peut-être des vocations…

Repos !!!

#Matériel   #Reportage   #Formation  

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