Vers la fin du mystère du naufrage de Protée

En soulevant le couvercle d'une vieille boîte de souvenirs découverte dans le grenier de ses parents, c'est tout un pan de son histoire familiale que Jean Burtey a fait ressurgir du passé. Une histoire dramatique dont il avait vaguement entendu parler au cours de son enfance mais au sujet de laquelle aucun de ses proches ne s'était appesanti. Depuis ce jour funeste de 1945 où la Marine est venue annoncer officiellement à sa grand-mère que son époux ne reviendrait plus, la douleur fut si lourde à porter et à partager que le sujet devint tabou, enfoui à jamais dans les profondeurs de la Méditerranée.

Mais aujourd'hui, à 35 ans, Jean Burtey décide de briser le silence. Ému par la fin héroïque de cet aïeul qu'il n'a pas connu mais dont il a retrouvé des photos, des documents et même la Médaille militaire, il s'est pris de passion pour l'énigme du naufrage du sous-marin Protée à bord duquel René Burtey disparut en décembre 1943. Dans cette quête, sa rencontre avec Jean-Michel Pontier allait se révéler déterminante. Médecin hyperbare, chef de l'école des plongeurs démineurs mais surtout passionné d'aventure et d'exploration sous-marine, ce dernier avait lui même été attiré par l'affaire du Protée grâce à un document exceptionnel.

Pour rappel, le Protée git au large de la Ciotat par 127 mètres de profondeur, sur le plateau des Blauquières, près de la fosse de Cassidaigne, à 20 milles de Marseille. Le sous-marin repose à plat, légèrement incliné. De l’examen il ressort que le Protée a heurté une mine qui n’a endommagé que le kiosque. Tous les panneaux sont fermés. L’épave, est en état de conservation remarquable et contient encore les corps de l’équipage. Elle a été déclarée «sépulture maritime » par la Marine Nationale.

Etendus sur leurs bannettes, endormis pour l'éternité...

"Quand j'ai vu l'extraordinaire tableau réalisé par Michaël Johnson à la demande de la Comex, ça a été le déclic. Je me suis dit qu'il fallait absolument que je plonge sur le Protée, au plus près de ces hommes admirables. Je voulais comprendre ce qui s'était vraiment passé, ce qu'ils avaient vécu, et surtout je voulais le faire savoir pour qu'on n'oublie pas leur sacrifice". Car Jean-Michel Pontier est bouleversé par cette sépulture sous-marine à l'intérieur de laquelle reposent toujours les corps des 74 membres de l'équipage. "Des compartiments n'ont peut-être pas été envahis par l'eau et peuvent avoir joué le rôle de sarcophage. Certains marins sont sans doute encore étendus sur leur bannette, comme endormis pour l'éternité".

Et d'ajouter : "Nous leur devons le plus grand respect et la plus grande reconnaissance. ll n'est pas question de toucher à quoi que ce soit et encore moins d'essayer d'ouvrir un panneau pour pénétrer à l'intérieur". Avec une équipe de plongeurs aguerris constituée de Stéphane Blanfune, responsable des opérations ROV, Bertrand Hemard, responsable des prises de vue sous-marines, et Nicolas Febvay, responsable des opérations de plongée, Jean-Michel Pontier met alors sur pied une expédition dans la grande tradition des aventures du commandant Cousteau. Martine Mahoux, chargée de la logistique, et Christelle Marques, pour la communication, complètent le dispositif.

Le programme est extrêmement ambitieux, mobilisant des moyens humains, techniques et financiers très importants. "Il s'agit tout d'abord d'investiguer l'épave à l'aide d'un robot sous-marin (ROV) piloté à partir d'un navire de surface, puis d'effectuer des plongées humaines au mélange Trimix (hélium, azote, oxygène) qui nous offrent 15 petites minutes sur site pour 3 heures de décompression. Dans un second temps, le but est d'organiser une campagne de plongées à saturation permettant aux plongeurs de séjourner de 2 à 4 heures au fond en respirant de l'Héliox (hélium-oxygène)".

Mais le plus difficile sera sans doute de réunir les fonds nécessaires : environ 30 000 € pour la première phase et près de 300 000 € pour la seconde. Jean-Michel Pontier a cependant bon espoir d'associer à l'aventure des entreprises locales et nationales. Les premières images tournées au moyen de ROV sont attendues avant la fin de l'année. Quant aux plongées à saturation, elles pourraient débuter en 2013 ; exactement 70 ans après le naufrage du Protée…

Les coordonnées GPS sont : 43° 04,260 N et 5° 32,230 E (WGS 84).

Source: La Provence

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