La plongée "pédiatrique"…

July 8, 2012

C’est en préparant mon sac de plongée pour la saison d’été en compagnie de mon dernier petit  Jedi de 14 mois, seul gars de cette grande fratrie remplie de Zara, Sephora et autre Bershka… il est loin le temps des 3 Suisses et de la Redoute, époque quasi-inexistante pour cette génération de « mécheuses »…, que je me suis dit : « vite vite qu’il puisse m’accompagner dans la grande bleue… »

J’ai déjà fait passer le niveau 1 de mes deux ainées l’année dernière, mais elles avaient respectivement 14 et 15 ans, et je me dis qu’avec mon petit bout, je ne pourrai pas attendre qu’il bourgeonne pour lui faire partager cela.

Ceci étant et connaissant les risques, il s’agit là d’agir scrupuleusement en protecteur et non en super papa voulant associer son fils à sa passion, risquant en effet de ne pas avoir toute l'objectivité voulue.

Ici, il ne s’agit pas de foot ou autre activité ludico-sportive pour mon enfant, il est « juste » important de se souvenir qu'elle n'est donc pas indispensable à son développement , et que nul certificat ou diplôme ne vaut la santé ou la vie de ma chair.

Je me suis donc mis à lire plusieurs études assez longues et quelques peu assez abyssales et insondables pour en tirer quelques informations et conclusions pouvant ainsi m’aider dans mon diagnostique paternel, et bien sûr vous le faire partager.

Dans un article, j’ai relevé quelques petites anecdotes sur le sujet  qui m’ont justement interloqué, puisqu’elles venaient du Leonard de Vinci des plongeurs…   Peu de temps après la mise au point du scaphandre autonome, J.Y. Cousteau initiait ses enfants à la plongée sous-marine. Le moins que l'on puisse dire est que l'expérience a dû être mouvementée et qu'il est presque miraculeux que ses fils aient survécu!  En effet, dans Le monde du silence, on peut lire: « Pendant l’été qui suivit la Libération, je revins un jour de Paris avec deux minuscules scaphandres autonomes pour mes enfants, Jean-Michel et Philippe, âgés respectivement de sept et de cinq ans(…). Il n’est pas absolument nécessaire de savoir nager pour descendre avec un scaphandre autonome(…). Impossible de les empêcher de parler. Philippe perdit son embout : je le lui replantai vite dans la bouche et je bondis aussitôt vers Jean-Michel, dont je remis en place le tuyau respiratoire (…). »

Un autre récit,  celui d’un  médecin, rapporte des plongées d’un enfant  de 2 ans et demi … dans les lagons de Tahiti, il est vrai!

Tout cela pour discerner qu’à  un extrême, certains estiment qu'il faut avoir 16 ans pour commencer la plongée sous-marine, et ce pour des théories tout à fait justifiables et légitimes, alors que d’autres recommandent la plongée comme activité d'éveil dès 6 ans (J.J. Gautier, de l'Association Réflexion sur la Plongée Enfant), pendant que certains moniteurs  n'hésitent pas à expliquer, sur leur site Internet, pourquoi ils refusent d'entraîner les enfants à la pratique de ce sport (Taylor L.H.. Why I do NOT train kids. http://www-personal.umich.edu/~lpt/kids.htm).

Que faut il retenir de tout cela, et quand je vais pouvoir emmener mon fils avec moi??

Il appartiendra donc à chacun de se prononcer, mais en gardant à l'esprit 3 facteurs essentiels:

L’enfant est un être différent de l'adulte sur le plan de l'anatomie et de la physiologie

L'enfant est un être différent sur le plan psychologique

Il est fondamental pour tous de ne pas ignorer et prendre conscience de certains facteurs physiologiques, anatomiques et bien sur psychologiques de nos enfants.

Je reviens sur ces facteurs, ils sont bien trop nombreux et je suis loin d’être l’homme de la situation pour un article médical, mais je vais prendre deux  exemples sur la cinquantaine de paramètres recensés.

Mon premier exemple est physiologique et concerne le système respiratoire :

La consommation d'oxygène de l'enfant est plus grande que celle de l'adulte compte tenu de la différence de poids. En cas d'apnée, volontaire ou forcée, la capacité de résistance de l'enfant est  donc plus faible.

Le plus important des facteurs est cependant le petit diamètre des voies respiratoires, surtout des petites bronches. La résistance au passage de l'air sera donc énormément plus grande que chez l'adulte, puisqu'elle n'augmente pas linéairement, mais à la puissance quatre par rapport à la baisse du diamètre. L'enfant se retrouve donc facilement dans une situation un peu comparable à celle d'un asthmatique, qui ne peut pas facilement évacuer l'air de ses poumons. On imagine donc le risque important de surpression pulmonaire que cela peut faire courir à la remontée, surtout si elle s'effectue en catastrophe. Il apparait aussi que, dans ce domaine, la faible profondeur de plongée ne protège pas des accidents, des barotraumatismes pulmonaires étant survenus en piscine, lors de remontée avec la glotte fermée.

Mon second exemple est psychologique :

Il est préconisé que pour définir l’adéquation de l’enfant au voyage en milieu sous-marin, par définition hostile, il est bon de réfléchir à l’âge d’apparition de l’attention aux détails, du jugement adéquat, du sens des responsabilités, de la capacité d’attention constante, du respect des règles, du sens du danger et de la conscience de la mort.

Les enfants n’agissent pas, ne pensent pas, ne réagissent pas et ne jouent pas comme les adultes.

Selon Piaget, psychologue de renommée internationale, ce n’est qu’entre 7-8 et 12 ans que l’enfant passe d’un mode de pensée pré-opératoire à un mode de pensée opératoire concret. Ce n’est qu’après 11-12 ans que s’élabore enfin la pensée formelle dont les groupements caractérisent l’intelligence réflexive achevée. Seule la pensée formelle permettra au plongeur de se tirer d’une situation imprévue. La conservation de l’égalité de longueur apparaît vers 7 ans, de l’égalité de poids vers 9 ans et de vitesse vers 12 ans. Le respect mutuel fait son apparition entre 7 et 12 ans, et la personnalité débute vers la fin de l’enfance (8-12 ans) avec l’organisation autonome des règles et des valeurs.

D’autre part, la prudence, mère de la sûreté aussi en plongée, est reliée à la conception que peut avoir le sujet de la mort, notamment de sa propre mort. Or ce n’est qu’entre 10 et 12 ans que la mort acquiert son caractère permanent (on est mort pour toujours), universel (tout le monde peut mourir une fois) et personnel (cela peut m'arriver à moi aussi).

Conclusions

- En résumé, il apparaît au fil des annotations relevées de ces études, que l’organisation anatomique, physiologique et intellectuelle de l’enfant, ne lui permettra de prendre conscience des tenants et aboutissants de l’incursion sous-marine qu’entre 8 et 12 ans.

- Il est aussi de première importance, (mais ce n’est pas le cas dans la compréhension de certains adultes), de souligner que c’est à l'enfant lui-même, sur le plan physique et surtout sur le plan psychologique, qu’il faut se fier. Soit à la motivation de ce dernier. Si l’enfant a une crainte, il est impensable et absurde que de le forcer (« pousser » serait le terme employé de ces mêmes « adultes »…)

- Le milieu et la structure dans lesquelles sera formé l'enfant,  doivent être spécifiquement dédiées aux jeunes, par du personnel spécialement formé à cet effet, et que la progression soit adaptée aux enfants. Sur ce point, je me fie à ce que j’ai vu.

Pour avoir pratiqué dans plusieurs clubs, j’ai participé à certains baptêmes plongée d’enfants. Pour moi, le seul point capital et fondamental pour la réussite des plongées d’enfants, est l’encadrement.  Rien de mieux pour un enfant (et ses parents…), que d’avoir la chance de tomber sur un « bon père de famille », rassurant, trèèèèèèès pédagogue et joueur, à l’image d’un enfant…

C’est en toute objectivité que j’en parle, mais cette perle existe…

Pour l’heure,  mon petit Mariolino et moi-même avons encore bien du temps devant nous. Avant d’avoir l’âge et les « facteurs » du p’tit plongeur, nous irons faire du snorkeling…

Pour finir, il parait qu’aux Etats-unis, pays de la voiture et de l’enfant roi, un instructeur de plongée, Larry Taylor recommande aux parents d’attendre, pour laisser leur enfant plonger, d’avoir assez confiance en lui pour lui laisser conduire la plus chère des voitures du ménage……

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